Eric LIBAULT
Editions de l'Emmanuel
sortie prévue mi juillet 2020
Un polar de la grâce
Le récit d’Eric Libault se lit d’une traite. C’est l’histoire d’une enfance heureuse et blessée, c’est l’histoire d’un père prodigue, c’est l’histoire d’un amour perdu et retrouvé. Je me garderai d’en dire trop pour ne pas déflorer les rebondissements d’une aventure humaine et spirituelle étonnante, un véritable polar de la grâce. La créativité de l’Esprit Saint en vérité dépasse de loin les ressorts habituels de la littérature policière tant elle permet à l’impossible de devenir réalité.
Un mot seulement pour évoquer les personnages : il y a Eric, ses parents, son frère et sa sœur ; il y a Claire, l’épouse d’Eric, à la présence délicate et apaisante ; il y a Madame B. à l’hôpital de Tarare ; il y a Marc, l’ami protestant, le Père Hervé et le Frère Jean-Louis. Et il y a surtout l’Esprit Saint, protagoniste essentiel de cette aventure humaine hyperbolique où chacun cependant peut se retrouver.
Ceux qui ont assisté à l’extraordinaire comédie musicale « Ourra », mise en scène et en lumière des Actes des Apôtres, créée sous la houlette d’Eric Libault, se rappellent que l’Esprit-Saint, sous les traits d’un jardinier, en était déjà le personnage principal. On comprend, grâce au témoignage que voici, que cette trouvaille théâtrale était surtout un témoignage rendu d’expérience à la puissance possible de l’Esprit-Saint dans nos vies.
De manière allusive ou explicite, ce thriller de l’amour donne à entendre de façon particulièrement savoureuse de nombreux passages de l’Ecriture. Il y a bien sûr la parabole du fils prodigue, même s’il s’agit ici d’abord d’un père prodigue attendu et accueilli par ses enfants ; il y a des psaumes ; il y a le récit d’Elie à l’Horeb, lecture choisie par Eric et Claire pour leur mariage, où Dieu se donne dans le silence après les orages voire les ouragans de la vie. Toute cette histoire est comme un commentaire de la proclamation joyeuse de saint Paul : « l’amour ne passera jamais » (1 Co, 13, 8).
La Parole de Dieu décidément n’est pas enfermée dans un livre. C’est une parole vivante qui éclaire la vie et qui fait vivre. Elle résonne dans nos existences grâce au temps liturgique en particulier, bien présent lui aussi dans ces pages. Célébrations de Noël et de Pâques rythment les retrouvailles progressives du père, de ses enfants et de son épouse, initiées par des cartes de vœux. Jusqu’à cette ultime célébration pascale arrachée aux horaires de la SNCF : Messe de la résurrection du Christ mais aussi de la résurrection plénière de l’amour filial et paternel. « Le Christ est vraiment ressuscité » se disent l’un et l’autre comme d’expérience le père et le fils enfin intimement réunis.
Intensément spirituel, ce polar de la grâce est aussi intensément incarné. On y découvre des prouesses de bricolage, un bouquet de thym, des langoustines et du Puligny-Montrachet. Tout dans nos vies passe par l’intensité – ou l’absence – d’un regard, par une qualité de présence, par des embrassades, par du pain et du vin partagés. Cette dimension à la fois très humaine et eucharistique de nos vies constitue en réalité ce qu’elles ont de plus décisif et de plus fécond.
« Si vous avez été touché, ému par cette histoire, écrit Eric Libault vers la fin de son témoignage, par un mot, une phrase, si ce récit vous a peut-être arraché une larme…ou plusieurs, ne vous y trompez pas, ce ne sont pas mes mots qui vous ont touchés, vous venez de faire une expérience beaucoup plus forte : l’Esprit Saint vous a visité ».
Je l’avoue sans difficulté, ce récit m’a bouleversé. Il a fait jaillir de mon cœur et de mes yeux non seulement une larme mais plusieurs : larmes d’émotion mais aussi et surtout larmes de joie. C’est bel et bien aujourd’hui que s’accomplit cette parole de l’Ecriture : « Amen, amen, je vous le dis : vous allez pleurer et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira ; vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie » (Jn 16, 20).
+ Matthieu Rougé
Evêque de Nanterre
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